C’est une question que je me suis longtemps posée et qui est arrivée assez tôt dans ma vie. Pour y répondre, je me suis laissée guider par mon nez ou plutôt par mon appétence à sentir tout ce qui m’entourait comme pour appréhender le monde que je ne comprenais pas vraiment. J’ai admis plus tard que j’étais hypersensible et que satisfaire mon odorat avide et curieux avait été une façon de canaliser mes émotions. Enfant j’étais fascinée par les parfums que ma mère portait, je trouvai magique qu’une chose invisible puisse avoir autant de présence. Je voyageais avec chacun et en tentant de les garder précieusement avec moi, je créais à mon insu, sans le savoir, leur souvenir dans ma mémoire. J’aimai observer la fulgurance de mon cerveau qui faisait des sauts d’associations en associations pour finalement me reliait à l’origine même de la première rencontre. C’était divin car je m’en amusai beaucoup. J’ai continué de jouer en devenant parfumeur. Sentir, mémoriser, analyser, imaginer, créer, composer était pour moi d’une grande richesse dans cette vastitude de possibles odorants. Mais la technique a fini par prendre le pas sur la créativité. Mon nez voulait sentir autrement. L’olfactothérapie entrait alors dans ma vie, comme un raz de marée émotionnel, je retrouvais mon enfance, mon adolescence et ses blessures laissées à l’abandon. Je ressentais alors plus que je ne sentais, les mémoires de mon corps s’éveillaient pour être revisitées et transformées en or. Un chemin de libérations commença pour moi. J’entrai, par l’exploration que me procurait mon odorat dans une nouvelle dimension, dimension énergétique mais surtout tournée vers l’humain et l’intelligence de la nature.